Pourquoi personne ne t'a prévenu ?

Bébé fait la sieste alors elle a un peu de répit.

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Elle regarde dehors mais ses yeux se perdent dans le vague.

Elle ne voit pas la neige, elle ne voit pas le chien qui se roule dedans. Elle ne voit pas les oiseaux dans la haie, elle n’entend pas leur chant.

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Elle est perdue dans ce discours intérieur qui l’accable depuis maintenant plusieurs semaines, ou serait-ce plusieurs mois ?

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Elle se demande où ça a foiré ? Ce qu’elle a bien pu faire de mal ?

Elle ne se reconnait plus. Elle n’est pas heureuse. Est-ce qu’elle est malheureuse ? C’est difficile à dire.

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Parfois, elle sombre dans des idées qui la transporte vers le désespoir, parfois, elle regarde son bébé et son cœur se gonfle. Elle se croit folle.

Elle pense qu’elle n’aurait pas dû être mère. Et quand elle ose le dire, on lui rappelle que d’autres femmes n’ont pas cette chance. Elle a honte.

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Alors elle fait bonne figure. En public, elle porte le masque de la mère épanouie. Personne ne doit savoir. Peut-être même pas son homme. Que penserait-il d’elle ?

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“C’est ça ma vie maintenant ?”

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Elle n’a pas le temps d’y penser, bébé vient de se réveiller, il faut déjà aller le chercher.

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Un jour, elle osera en parler. Elle posera une question sur un groupe privé sur les réseaux sociaux, sous le couvert du pseudo “Membre anonyme” pour qu’on ne la reconnaisse pas.

Elle y lira que de nombreuses femmes ont ressentis la même chose et elle se demandera :

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“Pourquoi personne ne m’a prévenue que c’était possible alors ?“

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La plupart des préparations à la naissance s’arrêtent à l’accouchement. Certaines iront jusqu’au baby blues et aux pertes de sang abondantes des premiers jours si vous avez de la chance.

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On ne peut pas préparer les mères à ce qui risque d’arriver ensuite.

D’abord parce qu’elles sont déjà suffisamment angoissées par l’aspect technique de l’accouchement. Les nouvelles mamans, enceinte, pour la première fois sur le point d’accoucher, ont peur pour leur bébé. Peur que l’accouchement se passe mal, peur que bébé soit en souffrance, peur qu’il arrive quelque chose.

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C’est difficile d’y rajouter un chapitre “Au fait, peut-être que vous ne créerez pas de lien avec votre bébé” ou encore “Il est possible que vous ne vous fassiez pas à l’idée que vous êtes devenue mère”

Surtout quand on sait qu’on fait passer la pilule des potentielles violences obstétricales par le célèbre “tu oublieras tout quand tu auras ton bébé dans les bras.” Alors leur retirer ça en les prévenants qu’il est possible que ça n’arrive pas... C’est douloureux.

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Alors on espère que les mères passeront au travers. On se dit qu’au pire, elles s’en remettront. Le deuxième fameux “ça passera avec le temps”.

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Ensuite, on ne peut pas le prévenir parce que les mères ne veulent pas l’entendre. Parce que, jusqu’à ce que ça vous arrive, ça n’arrive qu’aux autres.

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Et puis elles l’ont tellement désiré cet enfant. Comment imaginer une seule seconde qu’elles pourraient ne pas se sentir mère. Et si on les prévenait que ça arrive, elles se diraient “pas à moi”.

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Être enceinte, c’est effrayant. Dans la vie, je suis une vraie tête brulée, je n’ai pas peur de grand chose. Pourtant, je me rappelle que pendant ma grossesse, j’étais terrifiée. Par absolument tout.

Une femme enceinte se sent responsable de la vie qu’elle porte. C’est une responsabilité écrasante. Merveilleusement épanouissante pour certaines, absolument terrifiante pour d’autres, parfois même les deux en même temps.

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Il y a déjà tellement de chose à découvrir, tellement de chose à gérer. On se dit aussi que ce n’est pas le moment de rajouter une couche.

“Elles auront le temps de voir ça après, quand le plus dur sera passé”

Est-ce que c’était vraiment le plus dur ? Pas pour celle qui vivront une matrescence douloureuse, ça c’est sûr.

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En définitive, il n’y a pas de bonne réponse. Mais puisque ce n’est qu’après qu’on peut en parler, c’est ce que vous trouverez chez moi.

C’est le message que je veux transmettre.

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Si tu te reconnais dans la mère que je décris plus haut, tu n’es ni folle, ni défectueuse.